Je sais qu’il est un ciel où gagne l’insouciance D’un goéland porté par l’aile d’un château Je sais qu’il est un miel qui coule d’abondance Pour sucrer de chaleur le plus froid chapiteau !
Un cirque vagabond se produit à la scène De la terre tournant sur son cercle vicieux Le trapèze volant libère de l’obscène De curieux éléphants, des lapins malicieux
Je sais qu’il est une eau où les barques sourient Sous les gais chatouillis de la brise marine Je sais qu’il est des sels qui jamais n’avarient Le funambule au fil d’une aube mandarine
Un chalutier lascif hâle dans ses filets Les zestes d’illusion pour les noyer au large Loin des embruns précieux qui fixent les reflets Du ponant polissant le corset d’une barge
Aux confins chiffonnés d’un édredon de soie La brume se dissout pour qu’espoir s’illumine En nouvel astre éclos que le rêve renvoie Comme un esprit de corps brossé dans la carmine
Je sais qu’il est un ciel où fondent les regrets Quand jongle la magie à sa traîne en écharpe Je sais qu’il est une eau qui signe les arrêts Des chagrins escortés par les crins d’une harpe
Et s’envolent mes sens quand s’émeuvent les flots D’avoir nourri cent fois mes vastes désarrois Pour les barrer au mieux, comme fiers matelots Cavalant dans l’azur … sur des chevaux de bois !