J’ai vouvoyé la Mort pour qu’elle me câline Au jugement prochain dans mon berceau de feu Que dans mon agonie, ma complainte féline Déglutisse en accord mon respect en l’enfeu
Ce respect bienveillant que j’ai eu pour la vie A la croquer sans tort, lui rendant ses égards Ses sourires mutins, ma passion, mon envie D’embrasser chaque jour ses fusibles regards
J’ai suborné la Mort pour qu’elle me soit douce Que de sa jolie main, elle apaise mon front Qu’elle signe sur moi, ainsi, levant son pouce ‘’Téméraire tu fus, j’allège cet affront !’’
Cet affront de se voir, si faible, démunie De toute identité, quand le corps quitte l’âme Quand l’âme, de ce corps, lentement désunie S’engage sur ce bord que l’on présume infâme
J’ai tutoyé le ciel, comme on salue l’ami Pour qu’il marie son fond à cette pénitence Qu’il s’enrubanne heureux, à ton cœur endormi Toi qui trembles tout bas, prévoyant ma sentence
J’ai supplié la Mort ! Tu peux me croire lâche ! Mais je l’ai abusée pour toi, pour qu’elle oublie Celui qui à mon sang ne veut pas que je lâche Le fil bleu que je tiens de l’amour qui nous lie !