J'écrivais sans savoir Les sens, les hébétudes, les sensations gémies Et les émois perdus J'écrivais sans vouloir, d'une ancienne habitude Pour noyer dans les lignes Les chagrins, les espoirs J'écrivais en ouvrant les portes, les fenêtres De ma vie mutilée, pensant m'y oublier Sans chercher à pouvoir Sans y trouver les lettres Qui deviendraient les clés de ce monde percé J'écrivais comme on rit D'insouciance, de fièvre Comme on vit par erreur sans comprendre pourquoi L'encre qui s'épanchait de mes joues, de mes lèvres Continuait de vivre au-delà de mes mots J'écrivais les adieux, les bonjours, les rivières Toutes les eaux bruissant de mon coeur étranger Pour mieux me retrouver, partir en découverte Ou pour m'y perdre aussi Pensant m'anesthésier
Et j'écris sans savoir Et encore et encore Sans savoir où me mène ce chemin de travers Chaque vers découpé comme coupées mes veines D'un sang qui ne peut pas S'arrêter de couler !