Si j’osais ! Si j’osais ! De quoi suis-je capable ? Le temps accroche-vie a tant usé mes pas Et mon cœur, et mon cœur s’échine à contre-sable Si j’osais ! Que tenter, aux plages d’autres bras ?
Toujours les yeux ouverts, au rêve qui me porte Qui me garde lucide à affronter de face Les lumières qui crient de mélasse en cohorte Le vide lancinant du mal qui ne s’efface
Et pourtant il s’emplit de toi à chaque instant Et pourtant il rutile aux ors que tu me laisses Un peu plus chaque jour, quand l’Aube à son portant Halète sur ma joue tes fêlures épaisses
Qu’ai-je connu d’amour, que la crainte, la peur De voir l’autre partir avant moi, veuve errante Bien plus qu’il n’en fallut à consoler mon pleur Aux yeux de mes enfants qui me croyaient vivante !
Et je l’ai cru aussi, tant de fois, tant d’effrois J’ai froid, réchauffe-moi, aux galops de ta langue Jusqu’à lécher les plaies, s’il te plait, que tu vois Quand m'attise ton sel, quand mon squelette tangue
Ronge-moi jusqu’aux eaux des rivières d’écume Là où vont se nourrir les âmes en collier Songe-moi sur les ciels que survole ta plume Tel un pampre de mai aux blancheurs de l’obier !