Je veillais... Va savoir, va donc savoir pourquoi Je craignais... Que craint-on, d'un cauchemar à vivre ? Ou d'un rêve trop blanc, d'un pétale de givre ? Je veillais sans vouloir Comme on ouvre la main La main pour attraper, une autre plus rapide Qui s'échappe avant qu'on ne puisse l'embrasser Je veillais bêtement À ne plus les poursuivre Ces démons qui de vent me devançaient encore J'étais neutre à l'ennui Ni larme, ni sourire Peut-être un peu blasée d'y fendre l'habitude D'enterrer le passé, de serrer sa ceinture Avant qu'il me reprenne d'un reflet Ou d'un tremblement d'eau Mais la nuit tournoyait, tournait sur mes fêlures Mes pieds n'entendaient rien Non plus rien que ta voix Qui s'enlisait au fond d'un écouteur humide Tu es loin, bien trop loin Que je m'y puisse voir Je veillais jusqu'au froid Jusqu'émoi, jusqu'à nous Quand l'aube me surprit léchant ta chevelure J'avalais une mèche, une boucle, un murmure En grelottant de toi...