Si tu voyais la mer, telle que je la vois Cette nuit, à cette heure ! Elle renaît Sauvage Quand personne ne vient déranger son bordage Quand ses lents va-et-vient chatouillent son corps sage ! Si tu voyais la mer En sensualité !
On dirait tes cheveux Dont le jais s’abandonne Tes boucles simulées par ses bulles d’argent S’apaisent J’en ressens la quiétude Au plus noir de l’instant
Si tu voyais la mer, telle que je la bois Cette nuit, à cette heure Seule Sur cette page Quand personne ne vient démanger son esprit Quand le mien s’évapore aux mouvances des vagues ! Si tu voyais la mer En sensitivité !
On dirait ton sourire Qui s’ouvre en large ban Comme ces coquillages qui baillent aux marées Heureux et insouciants de nicher sous leur bain Leur chair Email trésor Que nul n’espèrerait
Si tu savais sa voix Fumeuse de corail Concave de sa houle, au-dessus du gros sel En ellipses mordant la crinière du sable On dirait ton accent Aigu lorsque tu pleures Grave quand tu te meurs D’aimer
Si tu savais sa vie Tu entendrais gémir L’écho de ses combats Les bas de ses résilles Les cils de ses hauts faits La fête De son sang !
Si tu voyais la mer, telle que je la suis Telle qu’elle m’essuie De ses bleus anthracite Quand la lune en son teint, reflète son iris D’une caresse mue par l’aile d’une brise Tu verrais son écume Foulard de percaline Dénacrer l’inespoir !