J’ai retrouvé de toi, Au fond de ma caboche, Ce galet de Garonne, Ce petit bout de poids ; J’ai retrouvé de toi, De nos heures de mioches Des brindilles, des riens Qui réveillent l’émoi.
Les feuillets de l’automne, Les feuilles d’écolier, Des carreaux à remplir Ou d’autres à casser ; Carrés de chocolat, Car-en-sac concassés En grands éclats de vivre, Et des cocos usés.
J’ai tout gardé de toi Au courant de ma vue, Ces détails que les grands Ne savaient regarder Du haut de leur sérieux Comme d’un anti-rêve, Ces détails que nous seuls Gravions de nos mystères.
Des gravillons jetés Sur les torrents d’absurde, Les secrets enrobés De nos caramels mous ; Photos acidulées Sur le banc de l’école, Les humeurs, les remous, Une main, une épaule.
J’ai retrouvé de toi La précieuse amulette Que tu m’avais confiée Aux nuits de folitude Pour allumer nos vœux, Escalader la lune, Écarquiller les cieux En deux croissants de paumes.
Et puis tout au milieu, Dans l’aujourd’hui du temps, Qui s’amuse, fidèle, À mordiller nos cous, Et puis tout au milieu, Dans l’aujourd’hui du temps, S’ébat toujours ce Tant… Qui n’appartient qu’à nous.