Souffres-tu quand j’ai mal ? Sais-tu ma déchirure ? Connais-tu l’animal qui gémit dans sa veine Dans l’ombre, sans mot, pour cacher sa torture ? Vois, je suis ce félin qui engloutit sa peine !
La nature donna à l’homme ses cinq sens Qu’il en use sans tort sans prétexte futile Se soigner, se guérir, en prendre cette essence Pour se différencier dit-on de l’inutile
Pourtant j’ai entendu le chat sous ma fenêtre Il avait froid, ou faim, voulait-il sa ration D’une coupe remplie de tendresse peut-être ? Il ressent lui aussi, sans exagération !
J’ai vu un jour le lion rugir de tout son fort Lorsque l’avait atteint une flèche en plein cœur Aussi puissant qu’on soit, chacun face à la mort Est égal en douleur, reconnaît la rancœur !
Alors regarde-moi ! Ma robe s’est déteinte Il ne reste qu’un brin de ces faveurs tabous Je suis femme si peu quand la flamme est éteinte Bestiale je deviens quand je repense à nous !
Et j’aurai beau cambrer mon âme à ce silence Contourner l’illusion d’une ancienne dorure La souffrance en sursis, s’effluve en pestilence Souffres-tu quand j’ai mal ? Sais-tu ma déchirure ?