Quand l’océan parfois se noie dans mes détresses De son sel qui s’épand au-delà de mon sein Que picotent mes cils que s’emmêlent mes tresses Je te revois chez nous, toi qui fus mon dessein
Je pris modèle en toi pour quelque latitude Comme l’œil affûté fut compas à Renoir Mais comment mesurer cette autre longitude Quand la voile est vêtue d’un crêpe bien trop noir ?
Si pour nordir il faut un dauphin pèlerin S’apprendre à naviguer sans jamais chavirer Essuyer l’ouragan, tel l’essuie le marin J’ai perdu le grand Port où devoir amarrer
Quel vent puis-je prier d’un souffle plus divin Que celui qui montait de nos plaines avides ? Dis-moi quel est mon mieux, où trouver le devin Qui renflouerait le cap de mes directions vides ?
Dans ma cale je tiens chapelet de chagrin J’écope nuit à jour sous prétextes tournants Un par un ces bijoux, caressés grain sur grain En symboles marqués de nos anciens instants
Puisqu’il nous faut souffrir pour nous savoir vivant Je veux souffrir de toi mon futur à cette heure Et s’il me faut mourir pour oublier l’avant J’attendrai que ma fin vienne inonder ce leurre !