Que se passe-t-il donc sous les dessous de tables Quand se croisent des pieds, cherchant à se toucher ? Monsieur l’Ambassadeur, emphase confortable Madame, souriant lèvres rouge baiser Les convives corrects, en costume, aimables Leurs compagnes, aisées, élégantes, racées
Sur des couverts pompeux, les mets sont délicats Et la main les menant jusque dans l’estomac Est un peu vacillante au lever de fourchette Par un sursaut soudain d’un coup sur la gambette
Que se passe-t-il donc sous les dessus nappés Quand se frôlent deux pieds, en-deçà, insolites ? D’une œillade furtive un sourire discret L’encombre qui se lève, à l’émoi qu’il suscite Détourne le regard, un peu embarrassé Aux appas survoltés qui, fébriles, palpitent
Les plats sont succulents, épicés de créole Conviviaux de partage éloquents de paroles Déliées par le vin déroulant l’allégresse De son suc affectueux prisé jusqu’à l’ivresse
Que se passe-t-il donc sous les dessous charmeurs D’une dame frivole au désir qui l’entraîne Quand le pied du voisin la caresse, enjôleur Et qu’un autre de face ose la même scène Au risque de heurter l’ancien compétiteur Et créer, au contact, un choc de madeleines ?
La donzelle rougit, se gausse d’avoir bu ! Alors que c’est un pied, ou un soulier perdu Qui la fait s’empourprer de l’aigu jusqu’au grave Mais nul n’est assez dupe et tous fort bien le savent !
Que se passe-t-il donc sous les dessous de tables Qu’après ce beau festin, il n’en reste au matin Qu’un vaporeux effet, parfois l’inévitable Revanche d’une main dégrafant le satin ? Ou tout simplement rien, ce n’était qu’une fable Je vous laisse le soin d’imaginer la fin !