Ne pas dormir À compter les moutons entassés sous ma vie Des moutons de papier Des moutons à cinq phares Des doigts Poussières d’encre rêche
Le lit tangue sur mes sourcils Je ne froncerai pas la nuit ma peau dans tes cheveux Je ne froisserai pas nos rêves Sinon les océans retireraient leurs os Et nous marcherions secs squelettes émasculés Plus courts qu’un pas de ballerine Tiré amour portant Le solennel n’est pas un tulle qui s’écrase aux solitudes Sur la pointe d’un œil crevé Mais un oiseau balafré d’avoir couru contre le vent Contre les griffures des hautbois Écorces d’ongles Sur le rebord des limes Pour réparer le monde À nos contrefaçons
Ne pas dormir À conter les boutons Des chemises ouvertes Les cendres sans pardon Les pavés blancs des ombres Les suies vers d’âtre
Quand il n’est qu’une braise À quoi bon le soufflet La salissure revient à nos joues Et la laideur infusée par la chair Ne sait pas renaître le feu Autrement qu’en la mort