J’avais les pieds dans l’eau, le regard dans le vague, La nuit s’apprivoisait sur une mer d’errance, Froissait ses lames blues aux griffes de ma larme, J’avais l’esprit dans l’eau, mais l’espoir dans ses jeux.
Sa langueur innocente picorait l’ombre nue, Mâchouillait d’un ressac le sel de mes cheveux ; Son sourire mouillé, ricochait, ingénu Sur le grain de ma peau En voyelles moirées.
J’entendais sa voix geindre, Emprisonner le souffle De ces noirs goémons, parsemant mon échine, Je voyais sa joie ceindre Les plumes-arabesques De ces oiseaux courant sur sa robe d’écume.
Son museau attendri vint échoir à ma lèvre Et réchauffant mon sang de sa lascive ardeur, Elle ourla ses embruns aux saillies de mon rêve,
J’avais les pieds dans l’eau, son baiser sur le cœur...