Je tremblais, j’avais peur, sais-tu ce sentiment Qui en nous s’insinue tout en nous éprouvant ? Je me laissais mourir, je crois, comme un oiseau Dont chaque aile rognée s’entaillait en biseau
Un mélange d’espoir en crainte méconnue As-tu déjà senti cette humeur inconnue ? Et ces autres, vois-tu, ricanant sous ma coupe Je les entends siffler, se moquant de ma soupe !
‘’Elle a l’âme damnée ! Elle n’aura plus rien ! Pas même la potée, la miette d’un festin !’’ C’est de moi qu’ils parlaient, me désignant du doigt Mais je n’ai retenu de leurs mots que ma foi !
Oh pauvres ignorants, votre vanité pleure Ce que jamais mon cœur n’a tenu en douleur !
Où donc vous cachez-vous ? Vous que mes solitudes Alimentaient aux soirs en vieilles habitudes ? Lors que vous déjetiez vos fiels en abandon Vos flèches aiguisaient celle de Cupidon !
S’il vous était venu que de penser un jour Je boirais de ce vin aux vignes de l’amour Nous aurions tous en chœur abusé de nos toasts Vos pieds nus aux miens joints dans la grande composte !
Il coule ce nectar sur vos désobligeances Et s’il m’était un souhait à faire à votre engeance Je le déverserais dans des verres de soie Que vous puissiez goûter cette ambroisie de choix !
Car celle de l’aimer m’est la plus glorieuse La plus vive à louer que vos pouffes rieuses !