Le poète est fragile et sa plume tremblote A la moindre tempête à la moindre émotion Il se cache et se terre en ermite à la grotte De ses amours rivées à l’imagination
Le crois-tu toi qu’un jour il se réveillera Trempera là son âme à l’encre du lilas Sortira du sommeil tous ses mots engourdis Et fera rejaillir des faïences biscuits ?
Le temps est l’océan qui s’échoue sur la plage En marées indomptées en vagues sauvagines Le connais-tu aussi le sens de ces voyages En allers et venues, en achoppes marines ?
L’as-tu déjà reçu de l’écume en guirlandes Ce long baiser offert au sable bleu lavande Qui concilie douleur et furie des jusants Quand il calme la grève aux foulées des brisants ?
Le poète est fragile et sa plume vacille Dans un geste amoureux, mouvement délicat L’impudeur est soumise et l’humeur est gracile T’es-tu donc reconnu, toi qui lis ces mots-là ?