Mélancolie ma mie, ne vois-tu rien venir ? Là-bas du bout de toi, de tes douves profondes ? Mélancolie, ma mie, pourrais-tu agonir Ces cris qui me rudoient aux vagues que tu grondes ?
Quelques pensées de feu suffiraient à ma braise Pour enflammer demain, et consumer l’hier Mélancolie ma mie, crois-tu que tant me plaise De t’avoir en mon lit, bordée d’un drap de fer ?
Je rêvais autrefois d’une rive aurifère Où tu n’existais pas, toi ma fidèle sœur Pourquoi a-t-il fallu que ta force prospère En givrant sur ma peau l’empreinte du malheur ?
Oui j’ai le blues tenace et le chagrin fragile A peine frôle-t-on mon âme de pantin Qu’une griffure alors doucement se profile Pour infecter mon sang, au "sans" de mon matin
Dis-moi quel est ton jeu, dis-moi quel fut mon tort Au débit de ce tant, ce temps qui me tourmente Qu’aurais-je donc commis bien pire qu’une mort Sinon d’aimer trop fort l’amour qui me lamente ?
Pourquoi dois-je porter ton costume aujourd’hui Quand souffle sur mon sel le vent du souvenir ? J’ai beau fermer les yeux, je ne revois que lui Lui pour qui je chantais plus loin que l’avenir
Mélancolie ma mie, pourquoi t’acharnes-tu A rouler sur ma vie ta rivière insolente ? Depuis que son prénom à mon ambre s’est tu Je sombre sous ton eau, en résonance lente…