Si je pouvais parfois n’être rien que le vent ! Cette bulle légère en laquelle j’inspire La justesse d’un air que la vie trop souvent Désaccorde à mes sens, le jouant de son pire !
Une plume m’emplit à caresser le temps Pourtant ces notes-là, se mutinent, rebelles Au soufre d’un recueil que son rythme longtemps Vient contrebalancer près de mes ribambelles
Et je chute aux moments où la peine s’empare De l’encre qui déteint sur mes feuillets jaunis Et je serre mon poing pour qu’un point fort se pare De ces maux étouffés quand à eux je m’unis
Si je pouvais parfois en esprit insipide Frivole escalader les gais colimaçons Vers cette liberté d’embrasser l’impavide Je me teindrais de paix à ces contre-façons
Hélas, faible est la chair ! Le cœur trop délicat Pour bâtir un grand mur avec du blé en grains Quand la veine du champ draine en son reliquat Les moissons nourrissant le sang à ses chagrins !