C’était une illusion plus grande que le monde Une entorse au destin, la quête inassouvie Et le vin qui foulait de sa babille blonde Ce présent enchanteur désenchantait ma vie
Je n’aime tant que l’eau ! La vive, la limpide ! Pourquoi lors voulait-on me faire saliver Ce mélange aux raisins de mollesse insipide Je n’aime tant que l’eau ! Pourquoi donc m’en priver ?
Rien mieux ne me grisait qu’un centième de ronde Tournant fidèlement en sourires, les vrais Plutôt que ce poison dans ma gorge profonde Qui s’agglutinait là tel un vinaigre épais
La déception parfois ne vient d’une seule ombre Puisque l’ombre a ce fort de se dissimuler Derrière une autre qui peut renfermer en nombre Les trafics influents d’oublis à cumuler
J’étais seule et j’allais somme toute impassible Rechercher un repos, pensant le mériter Et mon âme tentait un tout dernier possible De pouvoir négliger ce tort, ou méditer
M’isoler au plus bas pour enfouir l’égoïsme De ceux qui bienheureux n’existent que par eux Dans un vide bâti sur un lourd mécanisme Surprenant mes sanglots dans son rouage aqueux
Mais le silence hélas se fit plus écrasant Qu’un troupeau d’éléphants piétinant ma confiance Et mon sommeil froissé sur le rite pesant De ce nouveau désert gifla mon insouciance
Que croyais-je d’hier, quand l’absence aujourd’hui S’adosse à leur bonheur, qui s’élève et qui gronde ? J’étais seule et j’allais sans amour, sans appui Contre cette illusion plus grande que leur monde !