Dites-lui que la nuit m’a portée sur son dos D’un pas lent plus pesant qu’une marche funèbre Que la lune fanée malgré tout lui célèbre Le deuil enorgueilli de nos premiers duos
Dites-lui que mes pieds écorchèrent l’échine De la brise nocturne endurant ma douleur Que la voie délactée où se pend sa couleur S’humidifie, muette aux sanglots de morphine
Dites-lui qu’il est temps que la paix me repose Puisque de son oubli s’est creusé mon tombeau Que son indifférence a décousu notre eau Qu’il ne me reste en chair que l’absence-ecchymose
Dites-lui, mais demain, que se souviendra-t-il ? Amnésique de nous, de moi, plainte éphémère Les raisons de son âge ont nourri le cratère Dans lequel s'est brûlé son coeur battant l'exil
Non ! Ne lui dites rien ! Il ne l’entendrait pas Lui qui soutient la vie quand la mort me soulève Ne lui dites jamais que je m’éteins tout bas Il en rirait si fort, qu’il en tuerait son rêve !