Souvenirs calcinés pour mémoire perdue Il ne reste aucun mot de ces pages d’alors De ces phrases coulées comme au creuset de l’or Il ne reste plus rien, que ce manque éperdu
Au revoir mon enfance ! Adieu l’adolescence ! Où sont tous ces aveux qui vivaient au papier ? Ces rubis, ces émaux, ouvrés dans l’encrier Pour lesquels chaque émoi ravive votre absence ?
Fantômes, vous errez au courant de ma plume Elle vous cherche aux nuits, elle que vous hantez Elle qui ne sait plus ce qu’elle vous chantait Aux heures d’insomnie, sous le poids d’une enclume
Vous que j’ai vu mourir à l’horreur sous mes yeux Mes pleurs n’y pouvaient rien, pas même les éteindre Ces flammes élancées, dans lesquelles étreindre Chaque feuillet brûlé qu’elles menaient aux cieux
Je ne dors plus pareil au doux de l’oreiller Je vous entends gémir quand de vous je revis Les volutes volés de ces tranches de vie Où êtes-vous enfuis, vous qui me réveillez ?