Il est rare, je sais, qu’une femme à une autre Ecrive en vers galants l’amour qu’elle a pour elle Et si je me dévoile à avouer ce ‘notre’ C’est que l’indécence ne répond à l’appel
On écrit à la mère, à la fille, à la sœur A la confidente qui dépose ses yeux Sur nos nuits et nos joies, nos jours et nos douleurs Mais vois-tu je ne sais quel mot te sied le mieux
Car tu es tout cela, mon amie, ma si proche Tu es ce double en moi que je n’ai jamais su Tu es cet unique qui allie et rapproche Nos cœurs déshabillés, nos âmes dévêtues
Du plus haut que tu vis au plus bas que je suis Tu n’as eu de relâche à vouloir m’épauler A entrer dans ma bulle et fortifier l’abri Dans lequel me choyer pour mieux me protéger
Tu as cette chaleur quand tes bras généreux M’enserrent contre toi, à ma larme qui pleure Ce bel Arc de Triomphe et ces éclats radieux Le Paris fastueux à mon pari flambeur
Tu as la sagesse qui manque à mes raisons Les raisons qui s’oublient à mon manque de foi La foi quand mes doutes me défient des saisons Et si je crois en moi, c’est par toi que j’y crois
Notre complicité n’est pas toujours tendresse Il arrive parfois qu’une vague tempête Endurcisse nos voix à des cris de tigresses Mais jamais trahison qui trouble notre fête
Je pense à Montaigne qui pour La Boétie A inscrit la phrase sur un livre imprimé : "Parce que c’était moi, parce que c’était lui" Prends-la au féminin, elle t’est dédiée
Il se peut que certains y voient comme un inceste A te décrire ainsi en termes élogieux Mais que sont donc les mots, lorsque l’on sait les gestes Qui fidélisent là notre accord malicieux
Si la terre est hostile et bien trop inhumaine C’est vers un ciel plus clair que mon regard se porte Vers ces Nuages bleus qui de loin me soutiennent Qui veillent sur mes pas pour me rendre plus forte
Oui, j’ose au demeurant, devant tout l’auditoire Te déclamer ma flamme et te dire ‘je t’aime’ Car de ce bon café qui se boit dans l’histoire Tu ne m’en as offert que la meilleure crème !