Je me souviens du temps où tout me souriait De l’orge qui d’un grain suffisait à ma joie Où sont-ils ces instants ? Envolés ! Oubliés ! L’heure qui me courtise a fait de moi sa proie
Je ne suis pas victime et pourtant je la vois Seconde après seconde éborgner mon regard Celle en qui je croyais, vient me montrer du doigt Elle dit : ‘C’est fini ! Il est déjà trop tard !‘
Je me souviens du temps où ma jeune insouciance Musait le nez au vent dans la blancheur du froid La nature enjouée pour unique science La pluie ou le soleil satisfaisant ma foi
Où sont-ils ces instants ? Piétinés par la croix Du chemin que jamais je n’ai désiré prendre ! A surprendre mes pas, aujourd’hui je ne crois Plus l’ombre d’un sentier mais un lit où m’étendre
Pourtant je l’ai aimée ! Qu’en est-il en retour ? Je la pensais fidèle une dernière fois Mais telle une maîtresse abusée par l’amour Elle fait volte-face en un rictus narquois
Me voici répudiée ! Sans jugement, sans loi ! L’injustice rendue par elle, mon bourreau L’heure qui me courtise a fait de moi sa proie La vie ! La vie ! La vie ! Que signifie ce mot ?