Ils ont pollué l’eau de mes premiers émois Les émaux nourrissons des mots que je vénère Ils ont rempli ma cour de craintes et d’effrois Qui sont-ils ces fraudeurs qui visent la lumière ?
Tout se complaît à vivre au-dessous de la peau Où suinte la chair, où les larmes s’amassent Mais le connaissent-ils cet ingénu berceau ? Qui sont ces écrivards dont les plumes bavassent ?
Poésie est un verbe où le vers est le fruit Son noyau se suçote en plis de liberté Qu’elle soit née d’une aube, ou du sang de la nuit Poésie est un cœur battant l’humilité !
Ils ont piétiné l’herbe où poussaient les bourgeons De ces âmes damnées à des cordes pareilles Pendues au ras du sol, lors que nous pataugeons Dans les airs soulevant nos encres en corbeilles
Ils ont violé l’amour tout en masturbant l’Art Pour un peu de gloriole, imbus de suffisance Et je m’isole d’eux, avec pour seul rempart Ma passion écorchée, fuyant leur mécréance