Tu manques à mon temps, tu manques dans mes heures A qui donc en vouloir sinon même à la vie ? Contre qui diriger ma douteuse rancœur ? Contre personne hélas ! Nulle haine ou envie !
Oh j’aurais tant aimé que tu vois mes enfants Grandir jour après jour, auprès de ta tendresse Tu leur aurais appris ce que ma maladresse Ou mon étourderie ignorait des instants
Parfois je t’imagine entrer dans ma maison T’attabler avec nous, raconter des bêtises Nous n’aurions jamais vu défiler les saisons Mais depuis ton départ la douleur les attise
Oui j’aurais tant aimé voir tes cheveux blanchir T’entendre nous parler de ta folle jeunesse De ta voix familière à son timbre en finesse Celle qui m’exaltait de pouvoir tout franchir !
Je ne sais plus chanter aussi bien qu’autrefois Mon micro est rangé tout au fond d’un tiroir Mes notes ont fané même si quelquefois Je risque un trémolo solitaire au miroir
Car je n’ai plus tes mots ni ton regard heureux Pour me guider, là-bas, aux rivages de nacre Où est notre idéal ? Mon encre devient âcre Et mon plumet tordu se fait moins vigoureux
J’ai retenu de toi, de ta force de chêne La leçon à porter comme un fier talisman Mais moi, frêle Marquise échappée d’un roman Je ne sais plus tourner cette page d’ébène !
Inspirer, soupirer ! Bien sûr j’ai tout compris ! Mais j’ai perdu depuis mon quota d’oxygène Lorsque tu disparus, cet air me fut repris ! Aime ! - me disais-tu - A outrance, sans gêne !