Y’avait une rue autour de moi, je le savais. Un lieu où tous marchaient imperturbablement vers un endroit précis figé dans leurs esprits, cramponnés à ce destin inéluctable
Y’avait une rue autour de moi, toute petite, vous savez. Un cimetière où tous pleuraient leurs morts en attendant de mourir à leur tour. Elle était chouette ma rue, un crime aurait suffi pour la réveiller mais rien ne venait...
Y’avait une rue autour de moi, je le savais. Une église où chacun priait continuellement pour arriver là-haut en premier. Hommes et femmes moulant leurs âmes dans un cœur en béton pour ne jamais souffrir.
Y’avait une rue autour de moi, pas bien grande vous savez. Un navire où chacun se noyait dans le cri silencieux du désespoir. Elle était chouette ma rue, un soleil s’y serait perdu mais il n’y en avait plus...
Y’avait une rue autour de moi, je le savais. Une usine où l’on se fumait une petite cigarette au coin d’un mur. Une usine où l’on se demandait qu’étaient devenues nos cendres consumées. Une usine où l’on se prenait à rêver d’un ciel sans nuages.
Y’avait une rue autour de moi, une toute petite rue. Bien trop petite pour entasser cette foule vorace qui brûlait son caoutchouc puant à trop vouloir avancer.
Elle était devenue un refuge où la tristesse ne pouvait que survivre.
Y’avait une rue autour de moi, je le savais. Un café où l’on se buvait un petit verre au coin du feu. Un café où l’on se demandait qu’étaient devenues nos souvenirs oubliés. Un café où l’on se prenait à rêver d’un univers sans questions.
Y’avait une rue autour de moi, une très grande rue. Bien trop grande pour perdre un homme seul et sans but au milieu de cette foule rapace qui usait son cuir à trop vouloir courir
Elle était devenue un refuge où la solitude ne pouvait que survivre.
Elle vous prenait aux tripes, la rue à Léo ça grouillait de chiens en pleurs ça grouillait d’espoirs qui meurent...
Ah ! Elle vous envoyait aux cieux, la rue à Léo Même si vous aviez prié tout haut Elle serait morte en vous La rue à Léo...