La criée du temps Au détour d’un champ d’honneur Souvenir hypertrophié De quelques horreurs Aujourd’hui banalisée
A l’avant du navire Se meurent Inlassablement Les mêmes cadavres Le même ridicule théâtre de notre vie
Les sentinelles du désir En sursis précoce d’un ennui démasqué Souffrance millésimée De tout être humain A l’agonie standardisée
A l’avant du ponton Se mêlent L’eau et l’oubli Le même sourire de dénuement Les mêmes sempiternels discours de liberté
D’où que parte le sang Il arrive toujours à bon port Quand accoste l’ennemi Il se mue en notre corps Cadavre de nos luttes Qui s’accouplent dans sa chute
D’où que viennent les gens Ils s’en vont toujours vers la mort Quand subsiste le doute Il se perpétue en nos remords Cri de notre souffrance Qui s’éternise en silence