Ce qui est horrible avec cette tristesse, c'est qu'elle vous fait refuser toute forme de raison. Elle vous sépare de ceux que vous aimez, elle mange vos ardeurs et vous fait vous sentir si fragile , assez pour qu' une feuille d'arbre vous brise tout entier. C'est le genre de tristesse qui fait peser vos jambes, brise votre sourire y figeant une sorte d'inconsolable désespoir et vous fait oublier que vos trésors sont et ont toujours été vos seuls moyens de vous en sortir. Qu' ils soient vos proches, vos souvenirs ou votre foi, cette tristesse vous éloigne de vos trésors en plus de vous embourber dans un mal-être absurde qui n'a pour fondement que votre imagination et cet immonde besoin de fuir ce qui vous fait encore tenir debout ( vos trésors). La forme de tristesse dont je parle a quelquechose de carcéral et de très séduisant,c'est à vouloir remplir les tonneaux des Danaïdes avec vos larmes. En effet, par ses attraits, elle vous incite à vous esseuler, vous convainquant qu' il n'existe pas de solutions à votre problème ou que si elle existe vous ne pourrez jamais l'atteindre alors qu' intérieurement vous connaissez les solutions mais -dans une sorte de masochisme inavoué/inavouable -vous n'osez pas. Je traverse cette tristesse au moment où j'écris cet essai. Pour trois broutilles j'ai traversé les kilomètres qui font ma ville et cela pour me retrouver à marcher sous la pluie et dans la boue.
Le plus grand défaut et la plus grande qualité de cette micro dépression c'est de cacher la grandeur ,elle préserve du bonheur. Pourtant, si on prend le temps de tenter de résoudre nos problèmes, elle donne des réponses. Elle permet d'avancer. La tristesse que j'ai ici tenté de vaincre prouve que malgré toute sa difficulté, la vie se donne à travers ces épreuves. En réalité, les termes "carpe diem" et "memento mori" en rappelle respectivement deux fondements : cueille la leçon du jour, souviens toi que tu n'apprendras pas éternellement car tu vas mourir/que tu peux encore te battre et guerroyer car tu n'es pas encore mort. C'est dans les hauts et les bas que la vie donne son mystère. C'est dans la Bassesse, sous toute ses formes, que la grandeur est nous enseignée. C'est là que le Ciel nous apprend l'existence. C'est là que naît la vertu et surtout celle d'un homme qui se veut robuste : la détermination ainsi que la force de dire "je n'ai plus peur d'avancer car (si athée que je puisse être) une gloire divine m'accompagne, j' en suis certain, s'il on m'a si souvent fait tomber c'est pour me remettre au droit chemin, c'est pour mieux me relever, c'est pour je retienne la phrase qui suit." Les plus longs tunnels ne sont que des passages mais ils terrifient car l'on ne peut pas toujours en voir le bout. Leur vraie force (en plus de relier quelques sommets) est de rappeler qu' une lueur d'espoir, si petite soit elle, sort immédiatement les hommes de l'amer désespoir. Croire, c'est aussi se souvenir qu' une lueur d'espoir peut ramener un peuple tout entier à la grandeur.