Sur de maigres lichens pétris de solitude, Sorti des flots givrés de l'âcre Kolyma Pour chauffer son squelette au froid de la Toundra, L'homme renaît parfois de sa décrépitude.
Il hume sans mot dire aux bouquets inédits Du plus infime espoir des présents plus fertiles, Car le mal infernal aux maux les moins hostiles Offre aux portes d'Hadès un goût de paradis.
Demain verra peut-être une nouvelle aurore Se meublant des clartés d'une nuit de sommeil, Pourvu qu'un seul rayon d'un aurique soleil Pose au cœur de son âme un parfum d'hellébore.
Alors, très doucement, il pourra vers le jour Exhorter à l'exode au fruit des accalmies Les douloureux éparts des paupières meurtries Pour qu'au bout de l'hiver germe enfin son retour.