De quel droit avoir ôté ces chanteurs aux bocages, Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents ? De quel droit volez- la vie à ces vivants ? Fallait-il qu’ils soient influents et dangereux Pour qu'on ait eu besoin de les faire taire.
À coups de mitraillette Ceux qui sont partis Ceux qui ne sont plus Seront encore la Avec des feuilles, des fusains Le droit de s’exprimer est la noble exigence De ce roseau qui pense.
Prenez garde ! Partout où pleure et crie un peuple Ne comprenez-vous pas que vous êtes méchants Dieu regarde Comprenez que la liberté, Ce n'est pas s'incliner, c'est refuser Que l’on l’assassine !
Sachez ! Que l’on est le fleuve Où ne tarit la douleur Que l’on ne peut pas guérir Le fruit dont on a ôté la saveur On est le pays meurtri Par tant d’espoirs calcinés.
Tous fanatiques aux doigts sanglants, Tous ses prophètes alarmants Ne pourront tuer dans le sang Les crayons de la liberté Qui sont l’espérance De notre cœur.