Viens
Viens, allons,
Je t'invite à partir avec moi.
Nous irons voir au loin des pays improbables,
Des lieux imaginés pour une vie idéale
Il y aura des grèves, des plages et puis des îles,
Des déserts, des vallées, des dunes, des estuaires,
Des collines et des causses, la campagnes et les villes,
Les hameaux, les sentiers, les routes forestières
Il y aura des torrents d'eaux vives et glacées
Descendues des névés bleuâtres et polaires
Vers les étangs d'eau noire, des bois emmitouflés
Enfouis sous la neige ou bien sous les congères
La toundra, la forêt, le pays du vent fou
Parcouru de chevaux aux crinières emmêlées,
Le bois où rôde l'ours ou bien le caribou,
L'eau vive que les saumons remontent, obstinés
Il y aura la terre rouge où survit l'homme noir
Et nu, vêtu de rêves et de chants ancestraux,
Chants de vie, chants de guerre, ou récits de mémoires
Et de pactes anciens avec les animaux
Il y aura des prés semés de vaches rousses
Et des pommiers tordus où se perchent les grives,
Des ruisseaux frissonnants au milieu de la mousse,
Le fouillis du bocage, les taillis de haies vives
Il y aura des terrasses entourées de murets
Pour l’orge et pour le blé, la luzerne ou le chou,
La vigne sur les coteaux ou encore l'olivier
Et le pas d'un mulet sonnant sur les cailloux
Il y aura des soirées chaudes et parfumées
Où l'on boira le thé au dessous des mûriers,
Sur la place tranquille au pied du minaret
Parmi les maisons rouges aux murs crénelés
Il y aura des nuits de mer encalminée
A regarder les flots luire sous les étoiles,
A deviser, sereins, de nos mondes rêvés
Et puis le vent, soudain, claquera dans les voiles
Il y aura des plaines, grises sous les nuées,
Qui passeront, immenses sous nos yeux embués,
Où nous irons, transis, en rêvant au foyer
Qui nous apportera chaleur et amitié
Tours, le 9 novembre 2004