« Nul n’est censé ôter la vie de son prochain, La nature s’en charge, à chacun son destin ! » Dans la cour d’une ferme près d’une meule de paille, Jeannot le lapereau les oreilles en bataille, Fit au chat des yeux doux, le trouvant à son gré, Sans une hésitation l’invita à dîner. De belles fleurs violettes servies sous la tonnelle, Rebutèrent fortement le tendre chaton qui D’un coup de griffe rapide zébra la soldanelle Sous l’air bien étonné du lapin attendri ! Balthazar aux aguets, le meilleur de la meute Trépignait d’impatience en voyant le tableau. Il rêvait de trophée, de caresses et le pleutre Tira à bout portant sur le pauvre Jeannot. Il est me direz-vous, comme un sixième sens, Dont certains animaux se retrouvent pourvus, Le chat en l’occurrence avait cette clairvoyance, Poussa le lapereau sous la meule ventrue. Le chien fort dépité d’avoir raté sa cible Jura les Dieux du ciel en tournant les talons Que le lendemain même il serait invincible, Que bredouille ne serait en d’autres occasions !