Mère de toutes les mansuétudes Femme défigurée par tant de turpitudes ! Qu’ont-ils fait tes enfants de ta noble beauté, Tes fils t’ont accablée de malheur et de honte, Sans se soucier des plaies où la gangrène monte, Et qu’ils ont, tour à tour, creusées à tout jamais !
Terre, Ô ma terre, Toi qui caches sans fin ton immense détresse, Qui voudrais les baigner du flot de ta tendresse, Mais que leurs coeurs ingrats semblent encore ignorer. Percevront-ils un jour tes plaintes gémissantes Avant que ne surviennent les années éprouvantes Que toute descendance ne pourra réparer !
Terre, Ô ma terre, Pourras-tu pardonner à ta terrible engeance Les erreurs générées par tant d’imprévoyance Toi qui depuis toujours de ton sein généreux, As nourri sans compter et les riches et les gueux Sauront-ils racheter leurs exactions immondes Te reconnaître enfin pour le meilleur des mondes ?
Terre, Ô ma terre, Que n’ont-ils entendu le cri de ta douleur Au lieu de peindre en noir les champs de leur honneur, Le temps est arrivé, ton calvaire s’achève Les hommes repentants ont entamé la trêve. Ô terre, ma terre, ma douce compassion, Femme blessée au cœur par la désillusion, L’avenir essuiera les larmes de tes yeux Où viendra se mirer tout l’azur des cieux !...