Là où la vallée se creuse et s’enténèbre Au bord des rives indécises ligne liquide Je coule m’enroule m’enlace m’entrace Pour que jamais l’oubli ne me menace
Où la vallée se creuse et s’enfunèbre là Aux froids frissons des profondeurs fleuve sans delta Je m’enlise m’embrise dans les sables dénudés Et tourne la roue et grince la grande noria
Là où la vallée se creuse et s’ensilence Serpente d’eau languissante dans quel lac naissant Verserai-je de l’abondance les semences Avant de sombrer dans le sommeil sans éveil
Gardée par longues amours de survivants Bercée par lentes litanies de souvenants Fardée seulement de nard et d’aromates Dans le perséa ou l’acacia cachée
Vers les routes de l’Eternité En une incessante course sens dessus dessous Je coule je roule je me dissous Dans la nasse du Temps qui passe