Je suis née dans une terre noyée de soleil Où les vagues douces et bleues lèchent les enfants Où le vent a la saveur d’épices et de miel Et les jardins la lumière et l’éclat ardent
Aux grappes mûres de la treille à la saison J’ai goûté et l’aurore et son parfum de rose Respiré l’oranger en bouquet l’horizon Dans ses vergers gorgés de blanches fleurs écloses
Au seuil lourd de glycine de rêver j’ai cessé Au cœur de l’abîme entre l’or du jour et l’ombre Pour écouter couler le sang des dispersés Pour fleurir de larmes des tombes l’herbe sombre
Au plus loin où je jette l’ancre s’éveille le frisson Et les arcades blanches meurent à la dérive Au large de l’âpre sillage éventré des moissons Dans le crépuscule amer d’un désert d’eaux vives
J’aborde encore depuis tant d’années maudite Aux rivages escarpés ceints d’oliviers et d’asphodèles Aux chemins embaumés de ma terre interdite Pleurant la voix berceuse qui me donnait des ailes