Quand j'ai vu enfouir ce qui restait de toi Dans cette terre plus froide qu'un torrent de glace Contre mon coeur éclaté bruissait ta voix
Quand j'ai ouvert les yeux l'arc-en-ciel revenu Au-delà du toit vieilli les arbres mutilés M'ont dit frissonnant que je t'avais perdu
Quand dans le gris du soir je me suis écroulée Un essaim d'abeilles embrasait les fleurs éparses Et mon âme cahotante se savait esseulée
Quand autour de la table pour tous les lendemains La place fut vide le remords s'installa Près de celle qui referme à jamais les mains
Toi mon père où que tu sois Porte tes regards chargés d'azur Sur mon ouvrage
Toi mon père où que tu sois Viens dans mes pensées Avec un message
Toi mon père où que tu sois Accoste ce soir A mon rivage
Nous partirons ensemble au pays des dunes Où mille soleils fleuriront mille cerisiers Nous partirons ensemble sur la colline des chênes Où l'écorce du figuier de Barbarie désaltère Où le vent chante l'enfance dans les halliers
Nous partirons ensemble au pays des phares blancs Où cent navires mouilleront la mer indigo Nous partirons ensemble sur la lame des flots Où bondissent ruisselants les poissons d'argent Où le vent chante l'enfance dans les haubans
Toi mon père où que tu sois Accoste ce soir à mon rivage