Forêt (banalités)
Une forêt banale à l’adret d’un coteau,
Des arbres, des sentiers, des taillis, un ruisseau,
Quelques rustiques fleurs, la mousse au bas des troncs,
Et même sur certains d’énormes champignons,
Des vestiges de roc, des souches en charpie,
Des brillances vives et des ombres tapies,
Pas de bruit, mais des murmures, des bruissements,
Des plof fugaces, des frrr furtifs, et des chants,
Chants des oiseaux paradant sur les branches basses,
Chant du ruisseau cascadant dans son lit de pierres,
Frrr d’ailes invisibles comme une menace
Ou de fuites craintives hors de la clairière,
Plof d’un crapaud ouvrant d’un étang la surface
Ou d’un blaireau fondant sur une fourmilière,
Bruissements de feuilles frôlées par un rapace
Ou de mille insectes dansant dans la lumière,
Murmures de tous ceux, très discrets, peu loquaces,
Qui, ensemble fondus, donnent sa vie plénière
À la forêt : chevreuils, sangliers, serpents, limaces,
Araignées… tous des forêts l’usuel bestiaire,
Et aussi les senteurs, fortes ou raffinées,
Suaves, violentes, épicées ou sucrées…
Une forêt banale à l’adret d’un coteau.
(Extrait du recueil « MES 100 PETITS POÈMES - Évasion »)
