Au loin un véhicule racle sa gorge Toussotant la poussière au pavé brûlant L’air s’humidifie, noirci de smog, se gorge De charbon, comme un mineur, toujours bravant L’appétit du gouffre, la mine fatiguée, Un esclave noir à toujours excaver L’or taché d’ébène au sang du travailleur. La raison du monde n’est-elle pas au ciel? Quel enfant de Dieu, de l’argile charnelle Creuse des souterrains, pour noircir ses mains, Gagner misérable, mal au point, le pain Rance de l’ouvrier, réalité âcre, Vide, sans pitié, sans maison, sans lumière Au cachot des riches et influents confrères ; Le peuple enlise dans une termitière Au jour, il ne sortira qu’en affrontant Ceux-là qui comme une grande main de cartes Parient des vies humaines au grand jeu bouillant De la vie, de dignité universelle, L’égalité. C’est un autre jour pénible Pour le conducteur, qui démarre et soupire Car, qui d’entre nous un jour oserait dire Qu’une révolution serait possible