La morsure délicate de l’Ange ténébreux, La sensation mélancolique dégoulinant de mon cou, Tout semblait étrange, et sans être amoureux Je l’ai suivi indolent comme il le fait avec nous.
La nuit devenait claire, presque limpide Comme un verre de cristal traversé par la lumière, Le silence mortel et la matière avide Se mouvaient dans une danse, une valse ordinaire.
Le mur sur mon flanc droit me caressait doucement, Le ciel obscur, le vent et mon unique vie S’éloignaient peu à peu de mon corps sanglotant Et devenaient le jouet de la mort à mon avis.
Et puis fatigué, au bord de mon agonie, Une douceur est passée à la portée de mon bras; Elle m’a regardé sans me voir en ennemi Et a penché son cou pour se donner en proie.
J’ai reculé d’un pas, fixant toujours ses veines Ruisselant d’un vin rougeâtre de décadence, Je découvris alors avec horreur et haine, La fille que j’aimais durant toute mon enfance.
Elle ouvrit un œil qui pleurait de douleur Me traduisant ainsi que je devais la prendre, Elle voulait alors ne plus connaître la peur Et jouer avec moi, à « La Mort répandre ».
Je ressentais une honte monter en mon âme, Une atroce et vive souffrance personnelle D’avoir corrompu cette vierge de larmes A me suivre jusqu’au bout de ce sombre tunnel