Ô jeunesse, vous qui détenez l’insolente beauté Combien de rêves fous vous ont accompagnée. Vous étiez à l’âge des caprices, de l’arrogance, L’âge où le bonheur transpire d’abondance.
Votre chevelure n’était qu’éclaboussure d’or Où le soleil se mirait pour mieux éblouir encore. Vous riiez, chantiez votre ivresse dans le vent, Ce fieffé, qui soulevait vos jupons froufroutants.
Et vous imaginiez dans votre aveuglément Que votre jeunesse existerait éternellement. Miroir, mon beau miroir … Quel effroi ! Un soleil pâle s’y reflétait, un soleil froid.
Le sournois Géras vous avait envoyé ses démons Pour labourer votre minois de hideux sillons. Ah! Le traitre : votre joliesse il avait détruit En vous décochant mille fléchettes, sans bruit.
Ô vieillesse, le temps écorché se meurt en combattant Mais comment lutter pour endiguer cet avilissement ? Votre jeunesse fanée ne sera plus qu’une vieille histoire Ouvrant les voiles, théâtralement, sur votre mémoire.