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Antonio Giuseppe SATTA

Les amants du sérac

Le mâle porte en lui une peau de bête
Ce mal apporte en Elle l'avis de tempête
Une fourrure non tannée encore sanglante
Leur assure pour bientôt une mort lente

Il chemine imprudent sur un pont de glace
Et s'assure au piton d'une femme en place
Au moyen d'un filin déjà fort dénudé
La passerelle éphémère un jour à cédé

Pour l'ancrage, ce fut un bien trop lourd fardeau
Se laisser aspirer par l'homme et son tombeau
Son gouffre datant d'avant l'ère glacière
En laissant derrière elle une vie de sorcière

Ou rompre l'amarre et tenir coûte que coûte
Et lâcher de ses mains ce qui restait du bout
Et c'est pourtant ce qu'elle fit sans aucun scrupule
Pour ne pas voir la mort en face, elle prit son pull

Elle y plongea la tête mimant une autruche
Se sentant rassurée comme au sein d'une ruche
Le sol était glissant ses repères avaient fui
Elle lui enjamba le pas de manière fortuit

Les voilà tous deux, unis, amants du sérac
Dans cette cathédrale aux colonnes à pic
Se disputent la maigre peau d'un porc-épic
Derrière l'écho de leurs cris, un bruit sourd, un crac

Une arcade à l'éclat bleu du plus pur cristal
Elle qui fut là, solide comme le roc ou le métal
Plus aucune trace de ces amours hantés
Hormis ici et là, un nuage argenté!