Tout autour de moi, les rues transpirent, Toussent des rivières de soupir, Irriguant mes sens de chants d’antan, Irritant mes yeux de mirages blancs. En s’éclairant, elles me dévoilent Entre deux murs une vieille toile : Voitures sur un trot cadencé, Toilettes simples et rapiécées. Ces songes exhalent la fleur des champs, Sépales cueillis par les enfants Emportés par le vent qui efface Ennuis et tracas sans nulle trace.
Cette époque dont les décennies Sèchent l’image déjà ternie. Ni béton ni ciment n’en viendront à bout.
Tout autour de moi, les blocs halètent, Toussent des froids cadavres de bête, Eteignant le son de chants d’avant, Etriquant les corps d’un mal trop grand. En s’endormant, ils s’ouvrent, s’animent En proie à un amas d’anonymes : Immobiles, des jeunes aux aguets, Immortels, des vieux en souffrance. Encensant la force, le pouvoir Ensemence ce monde pour boire. Boire l’existence même des rêves, Boire la résistance sans trèves.
Cette époque qui est la nôtre Séduite par la peur de l’autre, Aura-t-elle raison de bonheurs qui font l’Homme ?