Certains soirs, il est doux de laisser son regard Errer nonchalamment et flotter dans le vague Et sentir, l’œil absent et quelque peu hagard, Sa pensée qui s’endort et doucement divague.
Et l’on accueille en soi tous les bruits du dehors, Toutes les impressions venant de la nature Dans la douce rumeur d’un beau jour qui s’endort Lorsque les feuilles bruissent au vent en un murmure,
Quand les derniers rayons embrasent le couchant, Il vient de la campagne des senteurs parfumées Rapportées par la brise qui caresse les champs Auxquelles vient se mêler une odeur de fumée.
On entend dans le ciel pépier quelques oiseaux Et parfois au lointain une cloche qui tinte ; Le gentil clapotis de l’eau dans les roseaux Murmure doucement sa petite complainte.
On se sent envahi d’un sentiment de paix Devant cette sereine et profonde harmonie Les angoisses et les craintes se trouvent dissipées Par les tendres accords de cette symphonie.
C’est comme une musique, un poème vivant, Un langage secret qui s’adresse à notre âme, Répondant, silencieux, à nos espoirs fervents Et aux aspirations que notre être réclame.
Et quand descend le soir où s’estompent les bruits, On sent venir dans l’ombre une paisible amie ; De son obscurité, la mystérieuse nuit Doucement enveloppe la terre endormie
Et il semble parfois que dans ce glissement, A mesure qu’à la terre elle amène ses voiles, Des clartés apparaissent à l’obscur firmament Et dévoilent au ciel de nouvelles étoiles.