Tu fus bien calomnié, ô malheureux automne ! Combien t’ont accusé d’apporter avec toi Les soupirs, les regrets, la langueur monotone, La nostalgie de ceux qui ont perdu la foi ?
A mes yeux, à mon cœur tu n’apparais pas triste, Toi, la plus colorée de toutes les saisons ; Je ne veux voir en toi que le génial artiste, Peintre absolu des bois et de ses frondaisons.
Marchons à pas feutrés en tes forêts secrètes, En silence goûtons l’harmonie de ces bois Où les tons éclatants de tes feuillages en fête Sont une splendeur qui nous surprend chaque fois.
Sous le dôme doré de tes ramures rousses Recouvrant la forêt comme un frémissant toit L’odeur des champignons, de l’humus et des mousses Parfume finement tes intimes sous-bois.
Nous savourons dans tes somptueuses retraites Où l’ombre tamisée filtre quelques rayons Les nuances infinies de ta riche palette Offrant à la forêt sa transfiguration.
Les verts, les bruns, les rouges, les ors et les ambres Composent un superbe et lumineux tableau, Éphémère chef-d’œuvre du début de novembre Dans les bosquets de pins, de chênes et de bouleaux.
Là des quatre saisons le grand cycle s’achève Par ce feu d’artifice et cet embrasement De l’intense lumière qui tout à coup s’élève Remontant vers le ciel comme un enchantement.