Le papillon
Quoi de plus laid qu’une chenille ?
Regardez-la ramper sur la tige des fleurs
Sur ses pattes crochues, pataude, elle se tortille,
Pleine de poils, quelle hideur !
Abjectement, elle se traîne
Et dans les potagers, les jardins, les vergers,
Mangeant toutes les feuilles dans un total sans-gêne,
Réussit à tout saccager.
Voyez un peu cette misère :
Cette vie de brigand, pourchassé et renié !
La malheureuse s’est fait déclarer la guerre
Par le peuple des jardiniers !
La question : « Etre ou ne pas être ? »
De la pauvre larve vient tarauder l’esprit
Et, courageusement, elle décide de mettre
Fin à cette vie de proscrit.
Quittant l’errance vagabonde,
La triste chenille cesse sa procession,
Ecoeurée et blasée, se retire du monde
Pour s’isoler dans son cocon.
Là, sagement, elle médite
Sur ses fautes, sur le malheur, sur le bonheur ;
Puis au bout de vingt jours, notre petit ermite
Emerge enfin de sa torpeur.
Et qui sort de la chrysalide,
Voletant, tout léger ? Vous le savez, voyons !
Une nymphe éthérée aux coloris splendides ;
Mais oui, c’est un beau papillon !
Sur toutes les fleurs il se pose
Et sans rien abîmer, déguste leur nectar.
Voilà ce qui s’appelle une métamorphose,
Ou, en orient, un avatar.
N’est-ce pas un parfait miracle ?
Une grande leçon que la mère Nature
Nous donne pour apprendre à surmonter l’obstacle,
Un symbole de bon augure.
Car vraiment rien n’est impossible
A celui qui décide de se transformer ;
Ecoute en toi l’Esprit qui te rend invincible
Et te pousse à t’améliorer.
