J’aimerais tellement chaque jour au matin, A l’heure où la nouvelle et divine lumière De l’aube qui jaillit du pur soleil lointain Se coule doucement à travers la paupière, Rapporter avec moi de mes rêves là-haut, Comme on revient des prés les bras chargés de gerbes, L’idée, l’inspiration, peut-être quelques mots Dont je pourrai tirer un poème superbe. Chaque jour que Dieu fait, levé avec entrain, Pouvoir avec amour et d’une alerte plume Coucher sur le papier quelques vaillants quatrains Et remplir une page de notre humble volume. De ces mondes infinis de limpide clarté, Où notre âme épanouie éperdument se baigne, Où la joie, la lumière, l’amour et la beauté Là-haut, tout près de Dieu, éternellement règnent, Ramener au réveil ainsi qu’un doux trésor Dans son cœur ébloui quelques pierres précieuses Comme après la moisson, on voit en leurs mains l’or Des épis ramassés aux champs par les glaneuses. Ainsi que Prométhée, de l’Olympe ravir L’écho et les reflets de la beauté sublime Et humblement pouvoir au monde obscur l’offrir. Que sont finalement ces chansons et ces rimes, Que sont la poésie, la musique et les vers ? Harmonies que les anges ont frôlées de leurs ailes, Rayons de la splendeur du secret univers, Quelques fleurs dérobées aux prairies éternelles.