Levez-vous mes amis, l’horizon encor pâle Nous laisse deviner l’aurore triomphale Par un nimbe annoncée au-delà de ces monts ; Venez, c’est un matin comme nous les aimons !
Déjà tous les oiseaux chantent sous la ramée ; Le vent frais nous offre les senteurs parfumées Des prairies et des champs qu’enrobe une vapeur, Drap que la nuit étend sur les vallons dormeurs.
Goûtons le calme de cette heure harmonieuse, Bercés par la nature encor silencieuse Malgré quelques appels qui montent du bétail, Jusqu’à l’heure où les hommes se mettent au travail.
Les nuages au levant semblent des ailes d’anges, Le ciel, blême au début, se nuance d’orange, Tout semble à ce moment serein et apaisé Alors que l’horizon va bientôt s’embraser.
Asseyons-nous ici ; depuis cette éminence Nous embrassons au loin un paysage immense Dessinant devant nous un damier bariolé De verts, de bruns jouant avec les ors des blés.
Le point vers le levant maintenant se précise Et un scintillement sur l’horizon s’irise : D’une crête soudain fuse un premier rayon, Hérault qui annonce la solaire éclosion.
Le disque étincelant du soleil se révèle, Indicible moment, minute solennelle, Où se déversent en nous, tout emplis d’émotion, Un flot chargé d’amour et de bénédictions.
La puissante clarté étonne nos paupières ; Nous sommes enveloppés d’une pure lumière Devant laquelle nos moindres doutes ont fui Avec les angoisses et les peurs de la nuit.
Alors que lentement notre astre se dévoile, Nous vivons exaltés dans l’aura de l’étoile, Dans la douce chaleur des rayons caressants Du soleil glorieux, divin et tout-puissant !