Viens, marchons silencieux dans la forêt d’automne
Viens, marchons silencieux dans la forêt d’automne,
Flamboyante, magique et touchante saison,
Quand le vent fait gémir les hautes frondaisons
Et voler les feuilles mortes qui tourbillonnent.
Le long des verts taillis formant comme une haie,
A l’abri des sous-bois, parcourons les sentiers
A travers les grands chênes et les pins forestiers,
Passons au pied des troncs de ces hautes futaies.
Admire l’envolée de ces piliers puissants
Qui tendent vers le ciel leur immense ramure,
Couronnées de leur verte ou rousse chevelure
Que le souffle du vent traverse en mugissant.
Palette admirable des feuillages d’automne !
Symphonie de couleurs où jaunes et orangés
Et rouges au vert profond viennent se mélanger.
Les feuilles d’or là-haut sur les branches frissonnent
Et semblent, en battant, nous dire un au revoir
Avant de s’élancer pour leur ultime danse.
Que de voltes, de sauts et que de révérences
Dans cet unique vol; quel gracieux nonchaloir !
Parfois il règne au cœur de la forêt profonde
Un silence total; on n’entend aucun bruit
Sauf le battement d’ailes d’un oiseau qui fuit.
Bien que seul, on se sent entouré par un monde.
Car en plus des rongeurs, des oiseaux, des renards,
De la faune des bois qui dans l’ombre est tapie,
D’autres présences encor, muettes, nous épient
Et dirigent vers nous d’invisibles regards.
Oui, les plantes, les arbres et même jusqu’aux pierres,
Tout vibre et palpite en ce monde mystérieux.
De l’atome aux étoiles, du grain de sable aux cieux,
La Vie est là, partout, dans la nature entière.
Arrêtons un instant notre marche en avant ;
Baignons-nous, les yeux clos, dans la douce harmonie
Pendant que notre âme, exaltée, communie
Avec l’immense foule des êtres vivants.
Sillonnons les forêts, vivantes basiliques
Dont les colonnes sont des arbres florissants
Pour écouter, mon cœur, les silencieux cantiques
Que la Nature chante au Seigneur Tout-Puissant.