Vos
poèmes

Il a tiré sa chaise,
Ma foi, plutôt à l'aise ;
Au centre de la Piste,
Il s'est assis, l'artiste.

Là, pris d'un tic nerveux,
Secouant ses cheveux,
Il a tourné la tête,
Le regard pas très net.

Alors, de sa main gauche,
Il a pris dans sa poche
Un mouchoir à carreaux
Qu'il a trempé dans l'eau ;

Son autre main, habile,
A ôté ses longs cils,
Son nez rouge, et aussi
Sa fausse calvitie ;

Puis, la nuque penchée,
Tranquille, il a frotté
Avec le linge humide
Son visage livide.

Et l'on vit sous le fard
Et sous les traits blafards,
L'authentique figure
Sous les dégoulinures.

Dans un " oh ! " de stupeur,
Amis et spectateurs,
Le scrutèrent, figés.
Très calme, il s'est levé,

A fermé sa valise
Sans effet de surprise ;
Tout le monde s'est tu.
Pour son dernier salut,

Quittant le chapiteau,
Il n'a pas dit un mot.
Son rire qui désarme
Avait fait place aux larmes.

16 janvier 2003