Ils ont longtemps marché au rythme du hasard Leurs cœurs débordant de désir, se croyant perdus. Ils s’enfonçaient souvent au milieu de nulle part ; Ne pouvant se choisir, ils se sont reconnus.
Il a dans les yeux l’azur des mers et du ciel Elle a les cheveux plus satinés que la nuit. Il lui parle d’équations et d’arc-en-ciel. Elle lui raconte les petites choses de la vie.
Ces deux-là, mes amis, n’avaient aucune chance De se tenir le cœur si le destin ne l’avait voulu. Depuis ils réinventent la musique et la danse, Tendres axiomes d’une science farfelue.
Leurs jardins fleurissent des boutons de baisers Et leur maison a pour toit une soyeuse couette. Quand l’orage éclate, il leur suffit de s’embrasser Et les nues importunes redeviennent discrètes.
Il a la voix de velours quand il lui murmure Que l’amandon du Corylus est devenu bleu. A son tour, un peu timide, elle lui susurre Que les loirs sont insomniaques, parbleu.
Et un dais de roses cosmiques les protège Aux yeux de ceux qui les croient un peu fous. De leurs mains ils se tissent des sortilèges Qui feraient rougir les sorciers et les gourous.
Et quand le jour coquin joue à les séparer Ils se moquent du malin qui n’a pas tout saisi. Le soleil leur a serré la main et leur a juré De toujours leur rendre la douceur de la nuit.