Pâle, presque fanée par le fardeau porté, Lasse de tant de misérable destinée, Une dame, une reine en toge froissée Flotte sur l’onde, comme un esprit égaré.
Toujours triste, elle se voile de brumes Et ne se montre, parfois, qu’aux seuls initiés. Elle a tout d’une femme, sauf l’amertume Que le baiser d’un homme lui a insufflé.
Tendre roi au cœur de lion, tu ignorais Que ton union à cette fée la détruirait. Inconscient du mal qu’en amour tu lui as fait Tu as rejoint ta table, tes fidèles sujets.
Depuis floue et vaporeuse, elle hante les lacs Elle languit d’encor offrir son âme. Le plus souvent elle retourne vers l’opaque De ses forêts qui l’appellent et la réclament.
Viendra-t-il le jour où l’oiseau de lumière Percera le secret de ce tendre korrigan Ne demandant qu’à ôter l’écume amère Drapant sa solitude qui belle la rend.
Surgira-t-il en rayon d’incandescence ? Pourra-t-il restituer à la dame et son lac L’éclat primesautier de son innocence, Rallumer la flamme des cœurs qui éclatent ?