Toutes les maisons se ressemblent Dans vos quartiers, vos ghettos. Pourtant si l’on veut se lever tôt, On entend encore vos rêves qui tremblent Dans le matin qui lui déjà se lève. Quand la grisaille des jardins de béton Résonnent de vos désirs de grève, Les bien-pensants imaginent un peloton Qui ne leur laissera aucune trêve. Moi je vois, dans vos yeux noirs Briller mille histoires, mille romans : Pas de couleur, pas de race pour l’espoir. Mais les bourgeois vous disent déments, Les politiciens vous craignent, votes de demain, Les forces armées suivent les ordres : Si jamais à cause de vous, il y avait pétrin Ils tireront, iront jusqu’à vous tordre. Pourtant comme la nôtre votre jeunesse sera brève. Vos filles sont belles, leur peau d’ambre Sont comme une plage dans le ciment Et leurs larmes au fond d’une chambre Sont pour les mêmes peines, les mêmes tourments. Vos fils, sous des allures de baroudeurs, Portant l’uniforme de leur identité, Ont comme tous, les mêmes ardeurs : Offrir à une femme, un brin d’éternité. L’amour de banlieue vaut celui des palais. Voyez-vous une autre solution pour dire Que vous aussi vous aimez et vous souffrez ? Qu’il est difficile dans la cité de bien grandir De ne jamais recevoir ce que vous offrez. Comme il serait tentant de vous gazer ! Un nouveau génocide, plus pernicieux, En vous cantonnant en H.L.M., a déjà lieu. Il ne reste plus qu’à les augmenter ou les raser… A quand les extrémistes avec leur coup de balai ? Alors vous cassez, parfois vous violez. Mais qui vous a appris ces gestes ignorés ? Un écran national, des chaînes bien rémunérées Qui se feront une joie et un portefeuille à le raconter. Finalement vous êtes une bonne affaire Pour des députés en mal de voix. Ils vous aideraient même à déclarer la guerre Si la présidence était la récompense du combat. Moi je vous aime, enfants des faubourgs. Votre visage ressemble tant à l’amour……..